
Par les temps qui courent, il ne fait pas bon appartenir à la sphère pétrolière. Ainsi, sans crier gare, Exxon a été bouté, lundi 24 août dans la soirée, hors du Dow Jones. Le numéro un américain du secteur, héritier direct de la Standard Oil of New Jersey et de l’empire Rockefeller, ne fera plus partie des trente valeurs vedettes de l’indice de référence de Wall Street à compter du lundi 31 août. Une déchéance humiliante, alors que l’entreprise, entrée dans l’indice en 1928, était encore, en 2011, la première capitalisation mondiale.
Rien à voir pourtant avec le destin de General Electric (GE), firme légendaire de Thomas Edison et première capitalisation au début des années 2000, chassé en 2018 parce qu’il se rétrécissait comme peau de chagrin. ExxonMobil vaut encore 173 milliards de dollars (146,5 milliards d’euros), mais manifestement, l’or noir ne sent plus le profit fréquentable, à l’heure où les fonds écologistes et autres ONG appellent à désinvestir la filière. Exxon sera remplacé par Salesforce, entreprise de services clients high-tech sise en Californie.
Officiellement, il fallait faire de la place aux valeurs technologiques. Le déclencheur de l’affaire a été la décision d’Apple de procéder à un « split », à savoir couper ses actions par quatre : quatre fois moins chères, mais quatre fois plus nombreuses, elles seront davantage susceptibles d’être achetées par les épargnants américains, qui se passionnent pour la Bourse en ces temps de Covid-19. Sauf que cette décision a aussi pour conséquence de diviser par quatre le poids d’Apple dans l’indice, qui va passer de 8 % à 2 %.
C’est une conséquence du calcul très particulier de l’indice-phare aux Etats-Unis. Le Dow Jones est un panier de 30 actions, dont la valeur évolue, non pas en fonction du changement en pourcentage des titres, mais de leur évolution nominale. Si l’action Apple passe de 500 à 525 dollars, elle progresse de 5 %, mais fera gagner au Dow Jones 25 points. Si celle d’American Express, qui vaut 100 dollars, croît, elle aussi, de 5 %, elle gagnera 5 dollars et ne fera progresser l’indice que de 5 points. Si l’action Apple, divisée par quatre, passe de 125 à 131,25 dollars, elle augmente toujours de 5 %, mais ne fait gagner que 6,25 points à l’indice.
Favoriser les gagnants
Cette bizarrerie n’est pas anodine : elle favorise les entreprises dont l’action progresse sans cesse. Plus sa valeur en dollars est élevée, plus une faible hausse en pourcentage entraîne une forte hausse nominale, et donc du Dow Jones. Celles qui descendent aux enfers sombrent en silence dans l’insignifiance. Si celle de GE tombe de 10 à 5 dollars, elle perd la moitié de sa valeur, mais ne fait perdre que 5 points à l’indice.
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August 25, 2020 at 01:37PM
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Bourse : Exxon bouté hors du Dow Jones, remplacé par Salesforce - Le Monde
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